On ne présente plus David Linx, personnalité belge ayant joué et enregistré avec les plus grands noms de la scène jazz depuis trente ans, et qui est aujourd’hui une référence parmi les chanteurs jazz européens.
Michel Hatzigeorgiou a grandi à Liège et s’est rapidement fait un nom en jouant avec Aka Moon, véritable phénomène jazz mondial dans les années 80. Il a côtoyé les plus grands musiciens de cette époque : Jaco Pastorius, Mike Stern, Stan Getz.

The Wordsmith, que l’on pourrait traduire par l’expression “le forgeron des mots” réunit ces deux “musiciens-forgerons” expérimentés qui sont avant tout deux amis de longue date. David Linx et Michel Hatzigeorgiou se retrouvent autour d’un album au format singulier : un duo basse-chant. Un pari qui tenait de l’évidence tant les deux amis ont développé une synergie forte qui s’est renforcée au gré du temps.

Les deux musiciens mettent leurs nombreux projets de côté pour enfin achever une entreprise nécessaire qui est avant tout le fruit de leur complicité. Le disque est principalement composé de chansons écrites au cours de ces vingt dernières années. On y retrouve également deux reprises, The Wind Cries Mary de Jimi Hendrix, ainsi que Rosa de Pixinguinha et Otávio de Souz. La volonté de reprendre ces deux morceaux n’a rien d’un hasard, puisque ce sont deux morceaux qui ont touché et accompagné les deux hommes dès leur plus jeune âge jusqu'à aujourd'hui. Ils sont également le symbole de cette intimité qui est découverte par ce projet.

Revenons un peu sur les compositions, on peut admirer l’aisance musicale de deux artistes qui ne déçoivent jamais et leur expérience quant à l’occupation de l’espace mais aussi du silence. L’émotion est vive et nous transperce. Rien n’est laissé au hasard, chaque note et vibration se ressent comme si nous étions à côté d’eux. David nous invite au plus près de ses pensées, nous transportant parfois quelques années en arrière. Ces histoires qu’il nous raconte dépeignent certaines périodes de sa vie (et de la vie du duo), de leurs anciennes compagnes (Jessica Smokes) ou de leurs moments de solitudes (I walk alone). C’est ce que ce disque a de plus précieux : on n’a rarement connue d’invitation aussi sincère dans l’intimité d’un artiste. Si l’on connaît leurs extraordinaires carrières, jamais il n’a été possible de les approcher de si près, de sentir leurs mots et notes nous toucher. Le dépouillement de leur musique nous invoque le silence, transpercé par les harmonies libératrices. Le duo réussit une incroyable voltige en produisant un de leurs albums les plus sincères et authentiques, un album forgé par la force des mots.

David Linx : chant
Michel Hatzigeorgiou : basse